10 conseils pour commencer une prise en charge en douceur mais efficace de la vulvodynie vous attendent en fin de cet article !
Qu’est-ce que la Vulvodynie ?
La vulvodynie est une douleur sans cause apparente de plus de trois mois localisées à la vulve, et le plus fréquemment à l’entrée vaginale en des points assez précis.
Cette douleur peut être soit déclenchée par le toucher, la friction, la pression ou la pénétration vaginale, on l'appelle alors "provoquée" soit la douleur est toujours présente, on l'appelle alors "chronique". Certaines femmes souffrent des deux formes conjuguées.
La vulvodynie se présente le plus fréquemment entre l’âge des premières règles et la ménopause.
La vulvodynie peut être primaire, à savoir des douleurs qui débutent dès la puberté soit secondaire, à savoir qu’elle apparait tout d’un coup sans antécédent de douleur.
Quelles femmes sont touchées par la vulvodynie ?
Selon les études (1), entre 8 et 28 % des femmes en âge de procréation seraient touchées par un douleur vulvaire de plus de trois mois.
Néanmoins, il faut pouvoir différencier la vulvodynie qui a des « points » douloureux très précis, tantôt très localisés tantôt plus généralisés) sur la vulve et la dyspareunie.
La dyspareunie est une douleur « uniquement »présente à la pénétration vaginale sexuelle. Elle est localisée au niveau de l’entrée vaginale et dans le vagin. La dyspareunie peut aussi se prolonger dans le temps , au-delà de trois mois, sans pour autant être une vulvodynie.
Seule une anamnèse rigoureuse et précise ( où est la douleur ? comment se présente-t-elle ? quand se présente-t-elle ?Depuis quand ? Quels traitements ont déjà été essayés ? …) ainsi qu’un examen clinique ciblé réalisé par un spécialiste (tous les gynécologues ou dermatologues ne sont pas formés dans le dépistage de la vulvodynie) pourront poser un diagnostic précis.
Et seul un diagnostic précis pourra proposer une prise en charge adéquate par des professionnels de santé formés à la prise en charge de la vulvodynie.
Quels sont les symptômes typiques de la vulvodynie ?
La douleur est le plus souvent de type plutôt « brûlure » ; Mais des plaintes de sensations de « coup de lame » ou de sensation d’acide coulé sur la vulve ou une sensation d'écorchure sur la vulve sont aussi possibles. Exprimer un ressenti n’est pas toujours facile dont chaque femme l’exprime avec ses propres mots et ses expériences.
La douleur est aggravée par les relations sexuelles avec pénétration, la mise en place d’un tampon, lors d’un examen gynécologique, une position assise prolongée ou le port de sous-vêtement ou de pantalon serré.
La douleur apparente et récidivante en faisant l’amour, induit un système de protection réflexe par peur d’avoir mal. Par la peur de la douleur, nous nous contractons naturellement toutes et tous. Comme la peur de la douleur et la douleur sont ciblées aux parties génitales, c’est notre périnée qui se contracte en reflexe. De de fait, en plus d'une vulve douloureuse, l’entrée vaginale est rétrécie , ce qui entraine une pénétration à chaque fois plus douloureuse.
De là s'inscrit un cercle vicieux avec un diminution de désir sexuel et de plaisir sexuel ce qui induit une lubrification vaginale insuffisante qui provoque des douleurs à la pénétration.
Ainsi la vie sexuelle des femmes souffrant de vulvodynie et leur vis de couple sont très souvent fortement impactée. Mais une prise en charge sexologique aide à retrouver les mots désir-plaisir-confiance et complicité dans l'intimité des couples !
Quelles sont les causes de la vulvodynie?
Actuellement, aucune cause précise n’a encore été identifiée. On parle plutôt d’un terrain à multiples facteurs. C’est ce qui explique des diagnostics erronés avec des traitements inadaptés qui peuvent aggraver la situation tant d’un point de vue physique que psychologique ou sexo-relationnelle.
Ce qui est certain, ce qu’il ne s’agit pas d’une infection ou d’une maladie sexuellement transmissible.
Les différentes pistes de réflexion concernant la/les cause(s) dans la vulvodynie sont actuellement :
- Une origine neurologique avec un message biaisé ou exacerbé de la sensibilité et/ou de la douleur.
- Une réaction inflammatoire non adaptée ou une réponse cellulaire inadéquate à une infection ou une agression de la zone intime.
- Une instabilité/immaturité du plancher pelvien.
Mais cela n’explique pas tout. On remarque des concordances entre les patientes souffrant de vulvodynie comme :
- une image de soi et/ou de son sexe souvent négative,
- une sensibilité accrue à l’anxiété, voire une tendance dépressive,
- une confiance en soi altérée ou relativement faible.
Mais ces observations psycho-sociales peuvent aussi être causées par cette douleur récidivante et/ou chronique dont on ne comprend pas l’origine et dont on n’arrive pas à se débarrasser facilement.
Il faut donc toujours resté prudent dans les liens de cause à effet car il peut aussi s’agir de conséquences !
Par contre, on remarque plus de femme ayant subi des violences sexuelles dans ce cadre de pathologie. Cette question est donc incontournable quand une vulvodynie apparait.
Quels sont les professionnel(le)s de santé incontournables à une prise en charge adéquate de la vulvodynie ?
Les facteurs qu’ils soient causales ou en conséquence de la vulvodynie étant multiples, la prise en charge se doit d’être multidisciplinaire avec des spécialistes issus de compétences différentes mais complémentaires.
De plus, la vulvodynie est une condition douloureuse qui affecte significativement la sexualité et la qualité de vie.
- Un(e) gynécologue ou dermatologue ou urologue spécialisé dans les pathologies des muqueuses
- Un(e ) sexologue qui abordera toute la dynamique sexuelle à soi et en couple qui est très fortement impacté par la vulvodynie. Des connaissances nouvelles, des comportements, des apprentissages peuvent être acquis seule et en couple pour retrouver une intimité sans honte ni peur et revaloriser son image de Femme.
Toute un série d’outils sexothérapeutiques existent pour aider les femme souffrant de douleur dans leur intimité. De plus, un(e) sexologue prendra aussi en charge le dépassement des impacts de violences sexuelle si il/elle a été formée à ce type de traitement spécifique.
- Un(e) psychologue pour prendre en charge les comportements anxieux, voire dépressifs. Le/la psychologue prendra aussi en charge le dépassement des impacts de violence sexuelle si il/elle a été formé(e) à cette approche spécifique.
- Un(e) kinésithérapeute ou un(e) sage-femme spécialisé( e) en périnéologie pour apprendre aux femmes à devenir « chef » de leur périnée.
- Un neurologue spécialisé dans la gestion de la douleur si cette douleur devient insurmontable malgré la pris en charge multidisciplinaire.
Remarque : Une chirurgie ablatrice de la partie douloureuse de la vulve est proposée par certains chirurgiens mais elle ne libèrera pas d’office les douleurs.
Chaque femme ne suivra pas d’emblée tous ces spécialistes avec la même intensité. A chacune de trouver « sa bonne recette ». Néanmoins, le socle de base du traitement est un médecin spécialiste de la vulvodynie + un(e ) kinésithérapeute spécialisé(e ) en périnéologie, un(e ) psy et/ou sexo en sachant que tout sexologue n’est pas d’office psy et que tout psy n’a pas une formation en sexologie clinique.
Chacun de ces intervenants amène sa contribution à l’effacement de cette douleur intime tellement invalidante pour les femmes.
Il s’agit de redonner aux Femmes souffrant de vulvodynie les moyens de reprendre pouvoir sur elle, de reprendre confiance en elle, retrouver son estime sexuelle et valoriser sa relation de couple.
Il s’agit d'’aider les Femmes à s’écouter et s’exprimer davantage pour identifier ses limites et retrouver du plaisir avec son corps.
Il s’agit de replacer la Femme au cœur de sa vie et non la douleur en apprenant à l’appréhender.
Il s’agit de donner les moyens aux Femmes de mieux se connaitre, de pouvoir différencier les codes de société sur la sexualité et ses propres choix à Elle comme Femme adulte, autonome, libre et éclairée.
Il s’agit de soutenir les femmes à revaloriser leur dynamique positive d’elle-même et de leur couple.
10 astuces d’une sexologue pour les femmes souffrant de vulvodynie, mais valable pour la santé intime de toutes les Femmes !
1. Utiliser des lessives hypoallergénique, voire bio, sans adoucissant ni parfum.
2. Eviter string ou tanga qui irritent la muqueuse vulvaire en permanence, c’est comme si votre vulve était toute la journée en train d’être sciée en deux !
3. Utiliser du 100% coton ou 100% soie pour vos sous-vêtements. A choisir simple ou sexy selon vos envies à Vous; mais pas trop serrant comme les pantalons skinny à éviter.
4. Supprimer les protège-slips industriels parfumés ; valoriser plutôt les serviettes en coton à laver soi-même ( lessives hypoallergénique, voire bio, sans adoucissant ni parfum).
5. Ne jamais utiliser les produits vulvovaginaux en vente libre (savon, gel douche, parfum, lingettes,…) ou les traitements antimycotiques locaux en vente libre sans avis médical préalable.
6. Utiliser du papier toilette blanc sans décoration couleur et sans parfum.
7. Eviter un rasage intégral de la vulve. Les poils participent au maintien de l’humidité naturelle de la vulve et à l’équilibre du PH vaginal, tous deux gardiens de la protection naturelle de la muqueuse vaginale.
8. Laver-vous la partie intime avec de l’eau. Le savon ou un pain neutre doit être utilisé maximum une fois par jour et juste en passage léger et non insistant. Ne faites aucune douche vaginale avec quoi que ce soit.
9. Si vous souffrez de sécheresse vaginale lors des relations sexuelles, utiliser soit un lubrifiant de 2ème génération à base d'eau et de silicone (attention néanmoins à l'allergie au silicone) ou un lubrifiant de 3ème génération avec de l‘eau et de l’acide hyaluronique ( tous deux en vente libre), sans parfum et sans colorant. L’effet du lubrifiant de 3ème génération est aussi recommandé pour une vulve sèche chroniquement ( pendant l'allaitement ou la ménopause parfois) car l'effet est plus long que les autres lubrifiants et la sensation est plus proche de la lubrification naturelle. De plus, il continue d’hydrater votre muqueuse 2 à 3 jours après l’application, mais il est un peu plus onéreux. Dernière chose, ces lubrifiants de 2ème et 3ème génération se marient bien avec les préservatifs et les sextoys, contrairement aux lubrifiants huileux.
10. Continuer à valoriser l’intimité avec votre partenaire, rester connectés sensuellement car faire l’amour n’est pas limité à la pénétration ! C'est l'occasion d'inventer un nouvel érotisme!
Prenez bien soin de Vous,
Cendrine Vanderhoeven
(1) Vulvodynia: Definition, Prevalence, Impact, and Pathophysiological Factors Caroline F. Pukall, PhD,1,a Andrew T. Goldstein, MD,2,a Sophie Bergeron, PhD,3 David Foster, MD,4 Amy Stein, DPT,5 Susan Kellogg-Spadt, PhD,6 and Gloria Bachmann, MD7- J Sex Med 2016;13:291e304
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